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Magistrats intouchables à Kara ? Un juriste dénonce un système qui piétine le droit

Magistrats intouchables à Kara ? Un juriste dénonce un système qui piétine le droit

La justice togolaise est de nouveau secouée par une affaire qui fait grand bruit. Dans une lettre ouverte adressée au président Faure Gnassingbé, le juriste et défenseur des droits humains Matchi Daoudou dénonce avec force des dérives inquiétantes au sein de la Cour d’appel de Kara. Il accuse certains magistrats d’ignorer la loi, de protéger des coupables et d’entretenir un système d’impunité. Pire encore, il révèle que la communauté peuhle serait la cible d’une véritable stigmatisation, entre arrestations arbitraires et détentions abusives. Des accusations explosives qui jettent une lumière crue sur l’état de la justice au Togo.

Des violations flagrantes du droit

Dans son courrier, Matchi Daoudou accuse certains magistrats de la Cour d’appel de Kara de ne pas statuer sur des saisines comme l’exige la loi. Il cite notamment l’article 115 du Code de procédure pénale, qui prévoit des délais stricts de réponse. Or, d’après lui, ce texte est régulièrement ignoré, entraînant des situations dramatiques pour des justiciables.

Le cas de Djodji Aboubacar illustre cette dérive. Inculpé d’abus de confiance, il a passé 20 mois en détention préventive avant d’être condamné à quatre ans fermes, alors que le maximum légal prévu était de trois ans. Pour le juriste, son seul « tort » a été de réclamer l’application stricte du droit à une libération d’office, comme prévu par l’article 113 du Code.

Des promotions malgré les scandales

Le juriste dénonce également la promotion de magistrats accusés d’actes répréhensibles. Parmi eux, Setekpo Kokou Virgile, procureur près le tribunal de Kara, qui aurait été impliqué dans plusieurs affaires sensibles, dont la libération d’un pédophile. Malgré ces controverses, il a été promu et affecté comme procureur à Atakpamé.

D’autres noms sont cités, tels que Maitre Dobou Likem, huissier de justice à Kara, accusé d’exécuter des saisies et ventes abusives, souvent couvert par des magistrats comme Baba Yaya Lamine, président du tribunal de Kara, ou encore Ali Abdou Rahim, procureur de la République près du tribunal de grande instance de Kara.

Selon Daoudou, ces magistrats bénéficient de promotions fondées sur des « notes d’affinités », un système qui perpétue l’injustice. Il rappelle que certains ont déjà été responsables de bavures ayant conduit à des condamnations de l’État togolais par la Cour de justice de la CEDEAO.

Les peuhls, victimes d’acharnement

Au-delà des cas individuels, le juriste met en lumière une situation préoccupante : la stigmatisation de la communauté peuhle. Dans sa lettre, il dénonce des arrestations arbitraires, des gardes à vue prolongées et des perquisitions abusives ciblant cette population.

Selon lui, les peuhls, souvent accusés à tort de liens avec le terrorisme, vivent dans la peur permanente. Nombreux seraient ceux qui n’osent plus fréquenter les marchés ou se déplacer librement. Matchi Daoudou plaide pour une meilleure inclusion des jeunes peuhls dans les programmes de sensibilisation, afin de combattre les préjugés et de restaurer la confiance.

Des pressions sur les défenseurs des droits humains

Matchi Daoudou affirme subir des intimidations et menaces en raison de ses prises de position. Il dit être considéré comme un « dérangeant » par une partie de la magistrature, qui chercherait à le réduire au silence. Selon lui, même le ministère de la Justice fermerait les yeux sur ces dérives, voire les cautionnerait.

Il appelle ainsi le président du Conseil à intervenir pour :

  • remplacer les magistrats indélicats,
  • mettre fin aux promotions basées sur les affinités,
  • protéger les défenseurs des droits humains, journalistes et activistes,
  • et garantir un véritable respect de l’État de droit.

Un appel au sursaut judiciaire

Cette lettre ouverte de Matchi Daoudou relance le débat sur l’indépendance et l’impartialité de la justice togolaise. En mettant en avant des exemples concrets, elle interpelle directement les autorités sur la nécessité d’une réforme profonde. Pour le juriste, il s’agit non seulement de protéger les citoyens, mais aussi de restaurer la crédibilité de la justice, socle fondamental de toute démocratie.

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