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Fin du règne de Talon : le Bénin donne une leçon à Biya, Faure et Ouattara
Alors que l’Afrique centrale et de l’Ouest continue d’être marquée par des présidents qui s’accrochent au pouvoir, l’annonce du départ de Patrice Talon en avril 2026 a surpris et suscité l’admiration. Contrairement à Paul Biya, 92 ans, qui s’apprête à briguer un huitième mandat au Cameroun, ou Alassane Ouattara, 83 ans, prêt pour un quatrième en Côte d’Ivoire, le chef de l’État béninois choisit de respecter la Constitution et de passer le relais.
Une attitude devenue exceptionnelle dans l’espace francophone africain, où les révisions constitutionnelles sur mesure et la tentation du pouvoir à vie sont devenues la règle plutôt que l’exception.
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Le Bénin, un modèle singulier dans un océan d’exceptions
Depuis 1991, aucun président béninois n’a osé franchir le cap d’un troisième mandat. Nicéphore Soglo, Mathieu Kérékou, Thomas Boni Yayi, et désormais Patrice Talon, ont tous respecté la limitation constitutionnelle. Cette constance contraste avec la tendance dans les pays voisins, où la loi fondamentale a été manipulée au gré des ambitions personnelles.
Ce respect du jeu démocratique a renforcé la crédibilité du Bénin et lui a permis de gagner en stabilité politique et en attractivité économique. Autrefois perçu comme « l’enfant malade » des coups d’État, le pays s’impose désormais comme une exception démocratique.
Romuald Wadagni, symbole du pari sur les compétences
En choisissant Romuald Wadagni comme dauphin, Patrice Talon illustre une autre facette de son héritage : sa capacité à repérer et promouvoir des compétences nouvelles, souvent issues de la diaspora. Inconnu du grand public béninois il y a dix ans, Wadagni a gravi les échelons jusqu’à devenir une figure incontournable de la politique économique et, désormais, l’homme désigné pour poursuivre l’œuvre du président.
Ce choix vient balayer l’argument souvent brandi par les partisans des présidents à vie : celui de l’absence d’alternative crédible.
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Quand le Bénin interpelle ses voisins
La décision de Talon fait ressortir un contraste saisissant avec d’autres pays francophones. Au Cameroun, le clan présidentiel répète que seul Paul Biya a la stature pour diriger. En Côte d’Ivoire, les courtisans d’Alassane Ouattara insistent sur l’impossibilité de lui trouver un successeur. Pourtant, l’expérience béninoise prouve qu’avec une gouvernance axée sur la détection et la formation des talents, la relève est possible et naturelle.
L’exemple du Bénin renvoie aussi aux figures historiques qui, comme Léopold Sédar Senghor, Ahmadou Ahidjo, Julius Nyerere ou Nelson Mandela, avaient compris l’importance de céder la place au moment opportun.
Une leçon pour l’avenir de la démocratie en Afrique
Le Bénin confirme ainsi qu’une démocratie stable ne repose pas sur la longévité d’un seul dirigeant, mais sur la force des institutions et la capacité à renouveler les élites. En choisissant de partir, Patrice Talon inscrit son nom dans l’histoire comme un président qui a résisté à la tentation du pouvoir à vie, et qui ouvre une voie à ses pairs de la région.
Cette décision, loin d’être anodine, résonne comme une interpellation directe : l’Afrique francophone peut-elle enfin sortir du piège des présidences interminables ?
