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Togo / Municipales 2025 : L’ANC opte pour les urnes malgré un processus électoral contesté
Contre toute attente, ANC principal parti d’opposition dirigé par Jean-Pierre Fabre, a annoncé sa participation aux élections municipales du 17 juillet 2025. Cette décision survient après plusieurs semaines de critiques virulentes contre la Commission électorale nationale indépendante (Céni) et le cadre électoral jugé « fondamentalement biaisé ».

Longtemps indécise quant à sa participation, l’ANC a finalement opté pour une stratégie de résistance par les urnes, rompant avec les logiques de boycott qui ont longtemps marqué l’opposition togolaise. Selon les responsables du parti, il ne s’agit pas d’un renoncement à leurs revendications, mais d’un choix tactique pour ne pas laisser le terrain vide au pouvoir en place.
Une contestation toujours vivace du cadre électoral
Malgré cette entrée dans la compétition électorale, les critiques du parti envers la Céni ne faiblissent pas. L’ANC dénonce notamment le fait que la commission électorale soit, selon elle, « en fin de mandat » et par conséquent « illégitime » pour organiser un scrutin d’envergure nationale.
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Le parti réclame depuis des mois une recomposition de la Céni, l’annulation de ses décisions récentes, ainsi qu’un réexamen du processus électoral dans son ensemble. Ces revendications, portées haut et fort, restent à ce jour sans réponse concrète des autorités compétentes.
« Si l’opposition s’abstient, le régime s’en réjouira », a déclaré Éric Dupuy, porte-parole de l’ANC. « Il prendra toutes les communes, et nos espaces d’expression seront encore plus réduits ». Un avertissement qui illustre la prise de conscience stratégique au sein du parti : même imparfait, le processus électoral constitue une opportunité politique à saisir.
Une présence partielle mais significative
Concrètement, l’ANC a déposé des listes dans 40 communes sur les 117 que compte le pays. Cela représente environ 1 000 candidats mobilisés via ses 130 fédérations locales. Le parti vise clairement le maintien de ses bastions historiques, notamment dans les grandes villes comme Lomé, où il dispose d’un ancrage politique plus solide.
La logique derrière ce choix partiel est double :
- Maximiser les chances dans les zones favorables, en évitant une dispersion des ressources.
- Préserver une visibilité politique indispensable pour exister sur la scène publique et préparer les échéances à venir.
Résister dans les urnes : un pari à hauts risques
Ce revirement tactique comporte toutefois plusieurs risques pour l’ANC. En acceptant de participer à un processus qu’elle juge injuste, le parti pourrait être accusé d’incohérence ou de faiblesse. Ses électeurs pourraient aussi percevoir cette décision comme un compromis flou, voire une forme de compromission.

Mais pour l’ANC, le boycott ne constitue plus une réponse efficace. L’expérience des scrutins passés, notamment les législatives ou les locales, a montré qu’une absence de l’opposition ouvre un boulevard électoral au parti au pouvoir, lui permettant de renforcer sa mainmise sur l’appareil local.
Maintenir l’opposition vivante sur le terrain
Avec cette posture à deux volets contestation du système et présence dans l’arène électorale l’ANC cherche à garder le lien avec les populations, à préserver ses structures de base et à s’ancrer durablement dans les territoires. C’est aussi une manière de préparer dès maintenant les futures élections régionales, législatives et présidentielles.
Au-delà des communales, cette stratégie s’inscrit dans une perspective de survie et de renforcement de l’opposition démocratique au Togo, à un moment où la recomposition politique s’accélère et où les marges de manœuvre pour les contre-pouvoirs se réduisent.
Conclusion : entre conviction et calcul politique
La participation de l’ANC aux municipales de 2025 est révélatrice des dilemmes stratégiques auxquels sont confrontés les partis d’opposition en contexte de démocratie fragile. Refuser les règles du jeu revient à sortir du jeu. Y participer malgré tout, c’est tenter d’en infléchir les contours.
Jean-Pierre Fabre et son parti ont tranché : rester présents dans l’arène, même contestée, pour défendre leur vision d’un Togo pluraliste. Une présence qui pourrait s’avérer décisive dans la recomposition politique des mois à venir.
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