Togo : Les défis de la prise en charge du handicap dans les mosquées

Alors que les “dix dernières nuits du Ramadan” approchent, une affluence importante de fidèles est attendue dans les mosquées togolaises. Cependant, la question de l’accessibilité pour les personnes handicapées reste un enjeu majeur. Au Togo, où entre 14 et 20 % des 8 millions d’habitants sont musulmans, environ 11 % de la population vit avec un handicap. Pourtant, peu de dispositions sont prises pour leur inclusion dans les infrastructures religieuses.

Des infrastructures inadaptées

Selon Souradji Ouro Yondou, directeur exécutif de l’Association nationale des personnes atteintes d’albinisme (Anat) et secrétaire général du Conseil d’Administration de la Fédération togolaise des associations des personnes handicapées (Fetaph), la principale difficulté pour les personnes en situation de handicap est l’inaccessibilité des mosquées. “Presque tous les lieux de culte ne prévoient pas de rampes d’accès pour les fidèles à mobilité réduite, ni d’aménagements pour les personnes âgées, les malades ou les victimes d’accidents”, regrette-t-il.

Les salles d’ablution et les toilettes, essentielles pour la purification rituelle avant la prière, sont elles aussi difficilement accessibles. Cette situation rend la participation des personnes handicapées aux prières collectives compliquée, voire impossible.

Un manque d’accompagnement pour les handicapés sensoriels

En plus des problèmes liés à l’accessibilité physique, les personnes atteintes de handicaps sensoriels font face à un manque criant d’accompagnement. Aucune disposition n’est prévue pour les fidèles malvoyants ou aveugles, et les prêches ne sont pas traduits en langue des signes pour les malentendants.

Pourtant, le Ramadan est une période d’intense adoration et de recueillement. “C’est un mois de prières, de lecture du Coran et de renforcement de la foi”, souligne l’imam Agodomou Allassane, membre de l’Association des cadres musulmans du Togo (Acmt). Un sentiment partagé par El Hadj Seydi Ali Tchitchiri, journaliste et musulman pratiquant, qui insiste sur l’importance de permettre à tous les croyants, y compris les personnes handicapées, de vivre pleinement cette période spirituelle.

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Des solutions pour une meilleure inclusion

Face à ces difficultés, Ouro Yondou plaide pour la mise en place d’infrastructures adaptées : “Il est nécessaire d’aménager des accès aux mosquées, aux toilettes et aux salles d’ablution, et de réserver des espaces spécifiques pour les fidèles en situation de handicap.”

Au-delà des infrastructures, il appelle à une sensibilisation accrue des imams, des prédicateurs et des fidèles pour favoriser l’inclusion. “Le message de l’accessibilité doit être intégré dans les prédications et se traduire par des actions concrètes. Il est également essentiel que les bailleurs de fonds des constructions religieuses prennent en compte ces besoins”, insiste-t-il.

Alors que le Ramadan bat son plein, l’inclusion des personnes handicapées dans les mosquées togolaises reste un défi de taille. Un enjeu qui, au-delà de la religion, pose la question plus large de l’accessibilité des infrastructures publiques aux personnes vulnérables.

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