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Afrique du Sud : une loi controversée pour rééquilibrer l’emploi au profit des Noirs
Une nouvelle législation sud-africaine sur l’équité en matière d’emploi, visant à améliorer la représentativité des Noirs et des groupes historiquement marginalisés dans le monde du travail, suscite de vifs débats politiques et sociaux. Alors que le gouvernement défend une mesure de justice historique, l’opposition y voit une menace pour l’économie et la cohésion nationale.

Loi sur l’équité : un outil de réparation ou de division ?
Entrée en vigueur en janvier dernier, cette nouvelle version de la loi sur l’équité en matière d’emploi permet au ministre du Travail de fixer des objectifs chiffrés d’embauche pour les Noirs, les femmes et les personnes handicapées dans les secteurs jugés insuffisamment représentés. Les entreprises qui ne s’y conforment pas pourraient faire face à des sanctions financières.
Le gouvernement, mené par l’ANC (Congrès national africain), assure que cette loi n’instaure pas des quotas stricts, mais cherche à réparer les inégalités structurelles persistantes, plus de trois décennies après la fin de l’apartheid. « Il s’agit de justice, pas de quotas », a déclaré la porte-parole de l’ANC, Mahlengi Bhengu-Motsiri.
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L’opposition monte au front
Mais cette vision est loin d’être partagée par l’Alliance démocratique (DA), deuxième parti du pays et membre du gouvernement d’union nationale issu des élections de 2024. Le parti a saisi la justice pour contester cette loi, la jugeant inconstitutionnelle et discriminatoire.
Helen Zille, présidente fédérale de la DA, n’a pas mâché ses mots : « Cette loi est totalitaire et contre-productive. Elle décourage l’investissement et risque d’aggraver un chômage déjà catastrophique. » Pour elle, les mécanismes correctifs fondés sur des critères raciaux ont échoué à autonomiser les populations marginalisées, et les intensifier serait une erreur stratégique.

Entre justice historique et prudence économique
L’Afrique du Sud reste profondément marquée par les séquelles de l’apartheid. Les données gouvernementales montrent que les inégalités raciales et de genre perdurent dans le monde du travail. Mais la manière de corriger ces injustices divise la classe politique. Cette affaire met en lumière les tensions croissantes au sein même du gouvernement d’union nationale, entre un ANC favorable aux politiques de transformation économique et une DA plus centrée sur le libéralisme économique.
La polémique pourrait s’intensifier dans les mois à venir, d’autant que d’autres réformes majeures comme la redistribution des terres ou les réformes fiscales restent en suspens.
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