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Réformer ou sombrer ? Talon et Faye pressent la CEDEAO de se réinventer
Le mardi 15 juillet 2025, le Bénin a accueilli une visite de travail de haute portée diplomatique. Le président sénégalais Bassirou Diomaye Diakhar Faye, en tournée régionale, a été reçu à Cotonou par son homologue béninois Patrice Talon. Au-delà des traditionnels échanges bilatéraux, cette rencontre a été marquée par un appel fort des deux dirigeants à une réforme ambitieuse des institutions régionales, en particulier la CEDEAO et l’UEMOA, pour mieux répondre aux aspirations des populations ouest-africaines.

Accueilli par le ministre des Affaires étrangères du Bénin, Olushegun Adjadi Bakari, le président Faye a ensuite été reçu au Palais de la Marina, où il a eu un entretien en tête-à-tête avec le président Talon, suivi d’une réunion élargie avec les délégations des deux pays.
Repenser l’intégration régionale : une exigence de souveraineté et de proximité
Les deux chefs d’État ont longuement évoqué la nécessité d’une transformation structurelle de la CEDEAO et de l’UEMOA, institutions de plus en plus critiquées pour leur déconnexion des réalités locales. Dans un contexte de méfiance croissante envers les instances communautaires exacerbée par les tensions entre États membres, les coups d’État militaires et les frustrations citoyennes , Talon et Faye ont prôné une réforme en profondeur.
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Selon le communiqué officiel de la présidence béninoise, les deux dirigeants souhaitent que ces organisations régionales deviennent des instruments de développement véritable, portés par une gouvernance plus inclusive et davantage tournée vers les besoins des populations. Ils insistent sur la nécessité de redonner à ces structures une légitimité politique et sociale en phase avec les transformations démocratiques en cours dans certains pays.
Coopération économique : une ambition commune renforcée
Outre les enjeux institutionnels, la rencontre a été l’occasion de réaffirmer la volonté des deux pays de renforcer leur coopération économique. Le président Faye a souligné que « la qualité actuelle des relations bilatérales offre un terrain favorable à une coopération économique renforcée ». L’intensification des échanges commerciaux entre Dakar et Cotonou, dans un cadre plus intégré, a été présentée comme un levier essentiel pour le développement mutuel.
Patrice Talon, qui a longtemps défendu une approche pragmatique des politiques économiques régionales, trouve en son homologue sénégalais un partenaire de poids pour impulser une dynamique nouvelle au sein de la CEDEAO : celle d’une Afrique de l’Ouest solidaire, plus indépendante économiquement, et moins dépendante des agendas extérieurs.

Sécurité régionale : une solidarité face aux menaces
La question sécuritaire n’a pas été oubliée. Face à la montée des menaces terroristes et aux crises politiques dans la région, le président Faye a exprimé sa solidarité au peuple béninois, engagé dans des efforts de sécurisation de son territoire, notamment dans le nord du pays. Les deux chefs d’État ont convenu de renforcer la coordination sous-régionale dans la lutte contre l’insécurité, une priorité partagée dans un contexte où plusieurs pays de la CEDEAO, tels que le Burkina Faso, le Mali ou le Niger, sont confrontés à des instabilités majeures.
Une CEDEAO attendue au tournant
Cette visite intervient à un moment clé pour la CEDEAO, de plus en plus perçue comme en perte de vitesse, et parfois accusée d’être un instrument des régimes en place plutôt qu’un moteur d’intégration. Le message porté par Faye et Talon sonne comme un avertissement : sans réformes profondes et visibles, la confiance des peuples envers les structures communautaires risque de se dégrader durablement.
Le président Faye, élu en mars 2024 avec un discours de rupture, incarne pour beaucoup une nouvelle génération de dirigeants africains, soucieux de reconstruire les liens entre gouvernants et gouvernés. Son passage à Cotonou vient ainsi renforcer l’image d’un axe Dakar-Cotonou porteur d’un souffle nouveau.
Vers des actes concrets ?
Les engagements pris à Cotonou devront toutefois être suivis d’effets tangibles. Les peuples ouest-africains, confrontés à des difficultés économiques, à des crises sécuritaires et à une démocratie souvent fragilisée, attendent plus que des déclarations d’intention. L’avenir de la CEDEAO, comme celui de l’unité régionale, se jouera à l’aune de la capacité des dirigeants à transformer leurs promesses en politiques efficaces et en réformes audacieuses.
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#Talon#

