Entrepreneuriat
Opportunités et défis de l’entrepreneuriat jeune au Togo : témoignages et solutions
Dans un contexte mondial marqué par une forte progression de l’entrepreneuriat, le Togo voit émerger une nouvelle génération d’entrepreneurs, jeunes, dynamiques et porteurs de solutions innovantes. Ce phénomène, qui se développe dans un environnement socio-économique complexe, est à la fois un moteur de croissance économique et une réponse aux défis persistants du chômage des jeunes. Cependant, malgré les opportunités offertes par l’entrepreneuriat, de nombreux obstacles subsistent. À travers les témoignages de jeunes entrepreneurs et l’analyse des solutions mises en place, cet article explore cette double réalité.
Des opportunités croissantes pour les jeunes entrepreneurs
Les opportunités d’entrepreneuriat au Togo sont nombreuses, portées par une volonté accrue des autorités et des partenaires au développement de promouvoir l’initiative privée. Des programmes nationaux comme le Fonds d’appui aux initiatives économiques des jeunes (FAIEJ) ou la mise en place de structures d’accompagnement telles que l’Agence nationale de promotion et de garantie de financement des PME/PMI (ANPGF) illustrent cette dynamique.
Komi Agbédjé, 28 ans, propriétaire d’une start-up de recyclage plastique à Lomé, se réjouit de cette tendance : « J’ai pu bénéficier d’un microcrédit du FAIEJ pour démarrer mon activité. Sans ce soutien, mon projet serait resté sur papier. » Aujourd’hui, son entreprise emploie sept personnes et contribue à la gestion des déchets urbains.
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L’essor des technologies de l’information et de la communication (TIC) ouvre également de nouvelles voies aux jeunes Togolais. Le numérique est devenu un secteur clé, offrant des opportunités à ceux qui développent des solutions innovantes. Un exemple frappant est celui de Cynthia Koumé, 25 ans, qui a créé une application mobile connectant les agriculteurs aux acheteurs de produits frais. « Avec l’évolution technologique, nous avons accès à des marchés plus vastes et des outils facilitant le commerce », explique-t-elle.
Outre les structures formelles, des initiatives privées et des incubateurs comme WoeLab ou Nunya Lab renforcent l’écosystème entrepreneurial, offrant aux jeunes des espaces pour développer leurs idées, accéder à des formations et entrer en réseau avec des investisseurs.
Des défis persistants pour concrétiser les projets
Malgré ces avancées, le chemin de l’entrepreneuriat au Togo reste semé d’embûches. L’accès au financement est l’un des obstacles majeurs. La plupart des jeunes n’ont pas de garanties suffisantes pour obtenir des prêts bancaires, et les fonds publics, bien qu’existants, demeurent limités. Selon une enquête réalisée par le Centre de recherche économique et sociale du Togo (CREST), 65 % des jeunes entrepreneurs interrogés citent le financement comme leur principal défi.
Pour Ayité Sodah, 30 ans, qui dirige un atelier de couture à Tsévié, ce problème est récurrent : « J’ai des commandes importantes, mais je n’ai pas assez de machines pour répondre à la demande. Les banques ne me font pas confiance parce que je n’ai pas d’antécédents de crédit. »
Un autre défi majeur réside dans le manque de formation et de compétences managériales. Si l’éducation classique forme à des métiers techniques, elle ne prépare pas toujours à la gestion d’une entreprise. Beaucoup de jeunes se lancent dans des projets sans véritable stratégie ni plan d’affaires.
La lenteur administrative et l’environnement réglementaire rigide constituent également des freins. Obtenir des autorisations ou des agréments peut prendre des mois, dissuadant bon nombre de jeunes de formaliser leurs activités. Enfin, la concurrence sur le marché informel reste rude, avec des prix cassés par des acteurs non déclarés.
Des témoignages de résilience face aux défis
Face à ces obstacles, certains jeunes entrepreneurs ont su faire preuve de créativité et de résilience pour maintenir leurs activités. Yawa Kossivi, 27 ans, qui produit et vend des jus de fruits locaux, raconte : « Quand j’ai commencé, je n’avais ni fonds ni local. J’ai commencé à vendre à mes voisins avec des bouteilles recyclées. Aujourd’hui, j’ai une petite usine grâce au soutien de mes clients fidèles. »
D’autres misent sur le financement participatif ou les partenariats pour contourner les barrières financières. Ainsi, Alphonse Dovi, promoteur d’une start-up agricole, a levé des fonds via des plateformes numériques pour acheter des équipements de transformation. « L’argent est venu de la diaspora, mais cela nécessite une bonne communication pour convaincre les contributeurs », précise-t-il.
Le réseautage s’avère aussi crucial pour surmonter l’isolement auquel beaucoup font face. Les salons, foires et conférences sont devenus des lieux stratégiques pour établir des contacts et partager des expériences. « J’ai rencontré mon mentor lors d’une conférence sur l’agrobusiness. Ses conseils m’ont permis d’éviter de nombreuses erreurs », témoigne Josué Kafui, spécialisé dans la culture de légumes bio.
Des pistes de solutions pour un entrepreneuriat durable
Pour répondre aux défis structurels, plusieurs solutions émergent. La digitalisation des services administratifs, par exemple, simplifie peu à peu les démarches pour la création d’entreprises. Le gouvernement, en collaboration avec des partenaires, travaille également à renforcer les formations axées sur l’entrepreneuriat dès le secondaire.
Du côté des entrepreneurs, l’apprentissage de nouvelles compétences par le biais de formations en ligne ou de modules spécialisés devient une priorité. Des plateformes comme « eStartup Academy » ou « Talcom Africa » offrent des outils pour améliorer la gestion d’entreprise et la stratégie marketing.
Le développement de coopératives est une autre piste prometteuse. En mutualisant leurs ressources, les jeunes entrepreneurs peuvent accéder plus facilement aux financements et partager des infrastructures coûteuses. La finance islamique, basée sur des partenariats sans intérêts, gagne également en popularité comme alternative pour surmonter les limites du crédit bancaire classique.
Enfin, les success stories de jeunes Togolais devenus des modèles pour leurs pairs jouent un rôle moteur. À travers des campagnes de sensibilisation et des témoignages, ces figures emblématiques inspirent et encouragent d’autres jeunes à franchir le pas de l’entrepreneuriat.