Politique
Togo/Gerry Taama : l’ancien député apprend-il à Faure comment gérer la situation ? (discours)

Dans un contexte de tensions sociopolitiques croissantes au Togo, marquées par des manifestations spontanées, des arrestations controversées et des pertes en vies humaines, l’ancien député Gerry Taama prend la parole avec une plume aussi lucide que provocatrice. Dans une publication largement relayée sur les réseaux sociaux, il s’essaie à un exercice aussi audacieux que symbolique : prononcer le discours que, selon lui, le chef de l’État togolais aurait dû tenir face à la crise actuelle. Intitulé « Je vous ai compris », ce texte mêle empathie, mea culpa, volonté de dialogue et engagement pour une refondation nationale. Un discours fictif, certes, mais qui résonne fortement avec les attentes de nombreux citoyens.
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Voici le discours de Gerry Taama

Je vous ai compris. Le discours que j’aurais tenu si j’étais président.
Depuis quelques semaines, une grogne sociale, déclenchée sur les réseaux sociaux, s’est invitée sur notre territoire, avec l’organisation de plusieurs manifestations illégales au regard de nos lois. Il m’est alors apparu opportun de prendre la parole sur ces même réseaux sociaux, pour entamer ce qui qui peut à terme, être un début de dialogue.
Beaucoup de choses se sont accélérées avec l’arrestation de l’artiste Tchalla, dit Aamron. Sans forcément rentrer dans les détails, certaines actions auraient pu être faites pour éviter, autant en anticipation qu’en réaction, la survenance de cette situation malheureuse. Toujours est-il que lorsque j’ai compris les tenants et les aboutissement du dossier, j’ai demandé au garde des seaux de voir dans quelles conditions l’artiste pouvait être relaxé. Ce qui fut fait.
Cette relaxe n’a pas fait chuter les tensions car trois journées de manifestations ont aussitôt été lancées, causant malheureusement plusieurs pertes de vies humaines. Je présente mes condoléances aux familles et proches des disparus. J’ai aussitôt demandé à l’avocat général auprès du tribunal militaire de diligenter une enquête dont les conclusions me seront remises pour comprendre les conditions dans lesquelles ces personnes sont mortes.
Mes chers compatriotes, je vous ai compris. En lançant le projet de la cinquième république avec un régime parlementaire, mon objectif était de rapprocher la politique du citoyen, en faisant rentrer plus de partis politiques et d’indépendants dans notre parlement désormais bicaméral. Mais à la mise en œuvre, il se trouve malheureusement que le résultat est à l’opposé de ce que nous recherchions. Il y a moins de diversité à l’assemblée nationale, et le débat politique, qui se devait plus immersif, est est devenu plus clivant que jamais. Mais je ne crois pas qu’il soit tard. D’ici là fin de l’année, je vais appeler à la mise en place d’une commission populaire, à laquelle les jeunes participeront, pour étudier et proposer des orientations innovantes et prospectives pour notre vivre ensemble.
Mais je vous ai compris. La grogne et le malaise que vous exprimez aujourd’hui sont légitimes. Ainsi que je l’avais dit lors d’une allocution en fin d’année, quand on vit au Togo, on doit pouvoir avoir de l’eau, de l’électricité, de l’alimentation abondante, des soins de santé efficients, de la connexion internet, un travail décent. Et je dois reconnaître que 20 ans après ma prise de pouvoir, et en dépit de toute la volonté que j’ai pu mettre à travers une série de programmes, nous sommes encore loin du compte. Et s’il y a un responsable de cette situation, c’est moi. C’est moi qu’il faut blâmer.
Mais au-delà de cette responsabilité que j’assume, nous nous devons de préserver les acquis qui sont notre patrimoine commun. La violence ne doit plus s’inviter dans nos citées. Les jeunes doivent s’abstenir de voies de fait. Quant aux forces de défense et de sécurité, les images qui circulent sur les réseaux sociaux ne nous font pas honneur. Le commandement est en train de prendre des dispositions pour faire cesser ces pratiques. Un numéro vert à même été mis en place pour signaler ces comportements inacceptables.
Je vous ai compris. J’ai compris vos multiples messages. Je vais en prendre compte et agir sur le court terme. Lors de mes prochains voyages, j’ai demandé à mon ministre des affaires étrangères de réunir les conditions pour que je puisse échanger avec les blogeurs et artistes résidant dans ces pays. Les Togolais doivent se parler.
Rien n’est perdu. Renouons le dialogue, préservons la paix sociale. Nous gérons depuis plusieurs années une situation sécuritaire compliquée au nord de notre pays. Une crise interne ne peut que profiter à nos ennemis.
Pour vous prouver ma bonne foi et mon engagement à un dialogue inclusif, j’ai décidé de libérer immédiatement toutes les personnes arrêtées lors de manifestations précédentes, ainsi que tous les prisonniers incarcérés pour leur engagement politique ou des délits d’opinion.
Togolais viens, bâtissons la cité.
Le pré… je dis quoi même, le menuisier.
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