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Togo – Éducation : À l’EPP Douane de Mango, la pluie s’occupe de l’emploi du temps des élèves et enseignants
C’est une réalité tout aussi surprenante que choquante à Mango. Depuis avril 2024, les activités pédagogiques se déroulent au gré des humeurs de dame nature. Désormais, c’est elle qui dicte les jours et les heures où il faut aller en cours à l’école primaire publique de Mango Douane. Suite à un orage violent survenu en avril dernier, les toits des deux bâtiments scolaires ont été emportés, laissant les élèves à la merci des intempéries.
Zékya et sa petite sœur arrivent à peine à l’école qu’elles doivent rebrousser chemin en courant. En cette matinée du lundi 14 octobre 2024, le ciel menace. Le directeur d’école a demandé aux élèves de rentrer à la maison.
Selon des parents d’élèves rencontrés dans le quartier de la Douane, cette situation est habituelle depuis le début du troisième trimestre de l’année scolaire 2023-2024.
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En effet, dans la nuit du 4 au 5 avril 2024, un vent violent accompagné de pluie s’est abattu sur la ville de Mango. L’orage a décoiffé les deux bâtiments scolaires de l’école et fait écrouler un troisième bâtiment en banco. Depuis, la situation est restée inchangée.
Des gymnastiques pour sauver les meubles
Selon des témoignages recueillis sur place, les directeurs des deux groupes ont procédé au jumelage des classes, rassemblant les élèves dans les salles partiellement décoiffées. La maternelle s’est retrouvée dans le bureau de la directrice du primaire. Les deux classes de CP1 reçoivent les cours sous les arbres. Chaque classe compte désormais deux enseignants.
« Les enseignants font les cours de façon rotative chaque semaine », témoigne une écolière. L’école, qui est un centre d’examen, n’a pas pu accueillir les épreuves.
Des sources indiquent que face à cette situation, les parents d’élèves, à bout de souffle, avaient entrepris d’aller rencontrer le préfet. Mais une fois sur place, ils ont été reçus par son secrétaire général, qui leur a demandé de rentrer, le préfet étant absent.
Informé, le Directeur régional de l’éducation des Savanes s’était rendu sur les lieux courant mai 2024 pour s’enquérir de la situation. Il aurait alors instruit les directeurs de libérer les élèves à chaque fois que la pluie s’annoncerait. Ainsi, depuis ce jour, le ciel impose son tableau de service aux élèves et aux enseignants.
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Un désespoir palpable
Interrogés sur les initiatives prises pour apporter une solution, les parents affirment être dos au mur. « Nous avons fait des cotisations pour construire trois salles de classe en banco, et c’est ce bâtiment qui est à terre comme vous le voyez. La réparation des deux bâtiments, selon nos estimations, avoisine les douze millions de francs CFA, ce coût dépasse nos capacités », explique un parent d’élève.
En attendant la réaction du gouvernement, qui tarde à venir, les enseignants continuent de faire ce qu’ils peuvent, dans la douleur et le silence.
On apprend qu’il leur a été formellement interdit de s’exprimer sur cette situation et, surtout, de veiller à ce que, même de loin, personne ne puisse prendre des images des bâtiments décoiffés ou des élèves recevant les cours sous les arbres.
Source : L’Alternative