Faits divers
« Je n’ai pas mangé depuis deux jours » : les prostituées nigérianes expriment leur ras-le-bol
Dans le contexte des manifestations « EndBadGovernance » qui se déroulent actuellement à travers le Nigeria, les prostituées de l’État de Kano subissent une baisse significative de leur activité, rendant difficile pour beaucoup d’entre elles de joindre les deux bouts. Les manifestations, accompagnées de couvre-feux et de perturbations de la vie quotidienne, ont eu un impact inattendu sur cette industrie clandestine, laissant ces femmes avec des revenus réduits, voire inexistants.
Les manifestations nationales contre la faim, organisées en réponse aux revendications contre le gouvernement, ont paralysé les activités sociales et économiques à Kano. Pour les travailleuses du sexe, les couvre-feux et la montée des tensions ont provoqué une baisse drastique du nombre de clients, plongeant ces femmes dans des difficultés financières.
Nombre de ces femmes prennent désormais la parole, appelant les organisateurs des manifestations à envisager un dialogue avec le gouvernement pour ramener un semblant de normalité.
Monica James, une prostituée travaillant sur France Road, a confié à l’agence de presse nigériane (NAN) sa situation désespérée : « Je n’ai pas mangé depuis deux jours à cause du couvre-feu ; nos clients sont introuvables », a-t-elle déploré. Selon Monica, le dialogue est la seule voie pour répondre aux revendications des manifestants et mettre fin à ces manifestations qui ont bouleversé leur quotidien.
Hannatu Ibrahim, une autre travailleuse du sexe de la région de Weatherhead, s’est jointe aux voix demandant la fin des manifestations, soulignant l’importance d’un retour à la normale. Selon elle, les manifestations en cours les ont laissées sans moyens de subsistance. L’impact économique a été considérable, touchant non seulement les travailleuses du sexe, mais aussi d’autres entreprises de la région.
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La situation est particulièrement critique à Sabon Gari, un quartier bien connu de Kano où le travail du sexe est répandu. Caroline James, qui gère un bordel sur la rue Enugu, a révélé que l’infiltration de voyous et la violence qui en a découlé ont « ruiné notre activité ». Elle avait des clients prêts à payer entre 30 000 et 40 000 nairas, mais en raison de la tension et du couvre-feu, ces rendez-vous n’ont pas eu lieu.
Le couvre-feu a contraint certaines prostituées à partager des chambres, car le manque de clients a rendu difficile la couverture de leurs frais. Une travailleuse du sexe, qui a préféré garder l’anonymat, a exprimé sa frustration face à la situation actuelle, appelant les autorités à alléger le couvre-feu. « Cela a gravement impacté notre capacité à travailler », a-t-elle déclaré, soulignant les difficultés auxquelles elles sont confrontées dans une ville en crise.