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Madagascar : Tout savoir sur Michaël Randrianirina, le colonel qui a renversé le président
Propulsé à la tête de Madagascar à la suite d’une mutinerie de l’armée et d’un soulèvement populaire, le colonel Michaël Randrianirina, 51 ans, s’apprête à devenir président après avoir provoqué la chute d’Andry Rajoelina. Chef du contingent rebelle du Capsat, il s’est retrouvé sous les projecteurs samedi en déclarant qu’ils allaient « refuser les ordres de tirer » sur les manifestants anti-gouvernementaux.
Le mouvement, initié par la jeunesse le 25 septembre, a contraint Andry Rajoelina à fuir le pays, avant sa destitution officielle quelques jours plus tard pour abandon de poste. Michaël Randrianirina doit être investi président vendredi par la plus haute juridiction du pays, et promet une transition vers un pouvoir civil d’une durée inférieure à deux ans.
Un homme de foi et d’expérience
Ancien gouverneur du district d’Androy, dans le sud de Madagascar, le colonel Randrianirina avait été arrêté en novembre 2023, accusé de préparer un coup d’État avant les élections contestées qui avaient reconduit Andry Rajoelina au pouvoir. Placé en résidence surveillée avec son complice présumé, Thierry Rampanarivo, il a été condamné début 2024 à un an de prison avec sursis pour « atteinte à la sûreté de l’État ».
De retour en février, il a repris ses fonctions dans l’ombre, menant une vie simple faite de cuisine et de football, jusqu’à ce qu’il rejoigne le mouvement de protestation pour dénoncer la répression des manifestations. Son image de « homme de foi » issu de l’Église luthérienne et son attitude courageuse ont renforcé sa légitimité auprès des manifestants et de l’armée.
Le Capsat, un acteur central
Le contingent du Capsat, principalement chargé de l’administration et de la logistique militaire, possède un poids symbolique important. Il avait déjà joué un rôle central lors du coup d’État de 2009, qui avait conduit à la première accession d’Andry Rajoelina au pouvoir.
Aux côtés de Michaël Randrianirina samedi, Lylison René de Rolland, déjà impliqué dans des événements passés, a été témoin de la nouvelle mutinerie. Selon l’analyste Velomahanina Razakamaharavo, le Capsat est aujourd’hui perçu comme un acteur central du mouvement de 2025, offrant à l’armée l’opportunité de se présenter comme le « dernier rempart » contre la violence et pour le renouveau national.
Vers une transition pacifique
Avant son investiture, Michaël Randrianirina a insisté sur le fait qu’il ne s’agissait pas d’un coup d’État violent, mais d’un processus légal. Il prévoit des élections dans 18 à 24 mois et une restructuration des principales institutions, promettant de ne pas décevoir le peuple et de garantir que toutes les voix soient entendues, y compris celles des jeunes, de l’opposition et des citoyens des régions éloignées d’Antananarivo.
Selon Mme Razakamaharavo, cette période constitue un moment crucial pour les forces armées, leur permettant de se poser en garant de l’équité et du renouveau national.
