Lutte traditionnelle Évala, tout savoir sur les rites initiatiques et les empoignades

La fête des Evala a démarré. Plus qu’une réjouissance populaire, c’est un retour aux sources, un respect de la tradition. C’est aussi l’expression de l’identité culturelle d’un peuple liée à ces rites initiatique.

Les Evala en pays Kabyè, une coutume multiséculaire qui revêt une importance.

Du 08 au 15 juillet 2023, le pays Kabyè à rendez-vous avec sa tradition, c’est la fête des luttes Evala, un retour aux sources, une manière de pérenniser les valeurs culturelles ancestrale.

Durant toute une semaine, vous les verrez, ces jeunes gens, chanter et danser au son des castagnettes, des flutes et d’autres instruments traditionnels de musique. Dans les rues et lieux sacrés dits « Aho ».

 Ils auront autour d’eux des encadreurs, des supporteurs ou des spectateurs, pour les motivés et les encouragés, leur donner plus de tonus quand ils se feront face sur des terrains de luttes.

Également, ces arènes feront l’objet d’attraction, surtout lors des finales le 10 juillet à Tchitchaou, le 11 juillet à Yadè, le 12 juillet à Bohou, le 13 juillet à Pya, Sarakawa dans la kozah. Elles attitreront aussi du monde dans le canton de Yaka (préfecture de Doufelgou).

Le 14 juillet, ce sera le tour au canton de Kouméa, de Landa, de Lama et de Djamdè d’ouvrir leur arène à leurs meilleurs lutteurs pour offrir du spectacle.

Démonstration de force, de technique, d’agilité et de ruse, tout cela le 15 juillet dans les arènes des finales de Tcharè, de Soumdina puis de Lassa pour boucler l’édition 2023 des luttes traditionnelles.

Ainsi, durant toute cette période, les lutteurs vont se mesurer les uns aux autres sous la pluie, sous le soleil, sur l’herbe tendre glissante ou sur des terrains Boueux. Ils vont se faire face, s’empoigner et engager le corps à corps quelles que soient la taille et la forme de l’adversaire.

C’est au signal de l’arbitre, identifiable par son boubou traditionnel et sa canne, que les affrontements démarrent. L’arbitre surveille les prises de bras et de jambe, qui visent à déséquilibrer l’adversaire pour le faire tomber.

Le vainqueur est celui qui réussira à faire tomber son adversaire en le plaquant dos contre le sol, puis s’ensuivent des cris de joie et quelques pas de danses de victoire.

Notons qu’avant la grande finale, les lutteurs s’affrontent en préliminaire, en quart de final, en demi-finale pour dégager les meilleurs de chaque village ou commission de canton. À la fin des luttes, il n’est pas question de remporter un quelconque trophée, car l’essentiel n’est pas forcément de gagner ou de perdre, mais de participer.

La lutte est plutôt le couronnement d’un rite initiatique au risque d’être exclus moralement de la société.

La lutte traditionnelle Evala, comment elle se prépare ?

La programmation de la période des Evala est l’apanage d’un comité de sage du pays Kabyè qui respectent scrupuleusement un rituel bien défini. C’est après consultation des oracles et après l’autorisation du grand prêtre nommé « Djodjoh » que les dates des cérémonies sont fixées.

L’initiation s’échelonne sur trois années durant lesquelles, le jeune initié est soumis à plusieurs sortes d’épreuve qui l’oblige à consentir des sacrifices tels que : le jeûne, la privation, scarification, internat…

Toutes ces épreuves contribuent à préparer psychologiquement le jeune Kabyè aux péripéties de la vie et de lui former à l’endurance et au courage.

Rite initiatique Evala, pourquoi la consommation de la viande du chien ?

Selon la tradition, la consommation de la viande du chien est censée contribuer à la culture de cette endurance. Ce cérémonial, selon l’histoire, confère à l’initié des prérogatives dans sa communauté. Il s’agit entre autres du droit d’exploiter la terre à son propre compte, de consulter les devins, de se marier ou de défendre la cité en cas d’agression.

Pour ce qui est de la lutte, elle ne constitue que la phase folklorique ou spectaculaire de l’initiation elle-même.

En somme, les luttes Evala, constituent un grand moment de retrouvaille pour les communautés Kabyè, qui perpétuent par la même occasion une tradition vieille de plusieurs siècles. La particularité des Evala se trouve dans leur phase spectaculaire qui force l’admiration des foules, des touristes et des curieux nationaux et étranger autour des arènes de lutte.

Pour rappel, après les rites initiatiques et les luttes Evala chez le jeune Kabyè, s’ensuit celui de la jeune fille Kabyè, “Akpéma” la semaine après les Evala.

« Taliréou » ce qui signifie bienvenue. Bienvenu donc en pays kabyè et bonne fête des Evala !