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Crise à l’UEMOA : le Burkina Faso bloqué, les pays de l’AES quittent la session ministérielle de Lomé

Crise à l’UEMOA : le Burkina Faso bloqué, les pays de l’AES quittent la session ministérielle de Lomé

La deuxième session ordinaire du Conseil des ministres de l’UEMOA, tenue le 11 juillet 2025 à Lomé, a été marquée par un coup de théâtre diplomatique : les représentants du Mali, du Burkina Faso et du Niger ont quitté les travaux de manière spectaculaire, dénonçant le blocage de la présidence tournante du Conseil, qui devait revenir cette année au Burkina Faso.

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Alors que cette réunion ministérielle visait initialement à évaluer les politiques économiques régionales et les dynamiques d’intégration, elle a rapidement basculé dans une crise institutionnelle opposant l’Alliance des États du Sahel (AES) à d’autres membres influents de l’Union, notamment la Côte d’Ivoire.

La présidence tournante remise en cause

Selon les statuts de l’UEMOA, notamment l’article 11, la présidence du Conseil des ministres est exercée à tour de rôle par chaque État membre pour une durée de deux ans. Le Burkina Faso, qui devait succéder à la Guinée-Bissau, avait donc légitimement droit à cette responsabilité. Or, la Côte d’Ivoire, selon des sources proches du dossier, aurait opposé son veto discret à cette désignation.

Motif officiel ? Aucun n’a été communiqué publiquement. Mais plusieurs analystes estiment que cette décision serait motivée par les différends politiques croissants entre certains États membres de l’UEMOA et les pays de l’AES, dont la posture anti-française et la remise en question des institutions communautaires créent un climat de méfiance.

Une rupture assumée par les pays sahéliens

Face à ce qu’ils qualifient de « déni de souveraineté », les ministres du Burkina Faso, du Mali et du Niger ont décidé de quitter les discussions, marquant ainsi leur profond désaccord avec ce qu’ils considèrent comme une instrumentalisation politique des mécanismes communautaires.

« Ce refus est une violation des principes fondateurs de l’Union », a déclaré un membre de la délégation burkinabè. Les pays de l’AES ont également annoncé la suspension de leur participation aux prochaines instances de l’UEMOA « jusqu’à ce que lumière soit faite et que le droit soit respecté ».

Une crise de gouvernance en gestation

Ce départ fracassant risque de fragiliser davantage une Union déjà confrontée à de nombreuses turbulences. Depuis la création de l’Alliance des États du Sahel en 2023, les rapports se sont durcis entre les pays du Sahel (en transition militaire) et les régimes élus de l’UEMOA, à l’image de la Côte d’Ivoire ou du Sénégal.

Le différend autour de la présidence burkinabè pourrait constituer un point de non-retour pour certains membres de l’AES, qui dénoncent depuis plusieurs mois une discrimination politique et économique au sein des institutions ouest-africaines (UEMOA, CEDEAO). Ce bras de fer pourrait ainsi réactiver le débat sur l’équité des instances communautaires, et même raviver les velléités de rupture avec les organisations régionales.

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Quelles conséquences pour l’Union ?

L’absence des pays de l’AES à Lomé interroge sur la viabilité du fonctionnement collectif de l’UEMOA. Comment continuer à prendre des décisions inclusives si trois États membres désertent les discussions ? Certains évoquent déjà un risque de paralysie des mécanismes d’intégration régionale.

De plus, ce climat de tension pourrait décourager les investisseurs régionaux et internationaux, déjà préoccupés par les défis sécuritaires et politiques que traverse la région du Sahel.

Un silence institutionnel préoccupant

Pour l’heure, aucune réaction officielle n’a été émise par la présidence de l’UEMOA ni par la Commission de l’Union. Ce silence diplomatique, au lendemain d’un incident aussi significatif, est perçu par certains comme une forme de validation tacite du blocage, ce qui ne fera que creuser le fossé entre les États de l’AES et le reste de l’Union.

Vers une redéfinition des règles communautaires ?

Les pays de l’AES appellent désormais à une révision en profondeur des mécanismes de gouvernance de l’UEMOA, réclamant plus de transparence, de respect des textes et d’équilibre politique. Dans le cas contraire, certains n’écartent pas un retrait progressif de l’Union, dans le sillage de leur divorce avec la CEDEAO.

Une telle éventualité ouvrirait un nouveau chapitre de fragmentation institutionnelle en Afrique de l’Ouest, avec des conséquences lourdes sur la stabilité monétaire (franc CFA), la coopération économique et la libre circulation des biens et des personnes.

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